La psychogénéalogie repose sur l’analyse des concepts clés qui permettent de comprendre comment les liens familiaux, les traumatismes passés et les transmissions inconscientes influencent les individus.
Dès lors, cette approche thérapeutique s’intéresse à la manière dont l’histoire familiale agit, souvent de façon invisible, sur les comportements, les choix de vie et les difficultés psychiques du présent.
En effet, la psychogénéalogie considère que les événements du passé — qu’ils soient traumatiques, tus ou simplement oubliés — laissent des traces profondes. Ces traces se manifestent au fil des générations sous forme de répétitions, de blocages ou de schémas émotionnels récurrents.
Ainsi, les concepts clés en psychogénéalogie ne peuvent être étudiés isolément. Ils s’éclairent mutuellement, dans un réseau d’interdépendances qui structure les dynamiques familiales. Ce maillage invisible influence durablement la construction identitaire et relationnelle de chacun.

Le Développement de la Psychogénéalogie
La psychogénéalogie, telle qu’elle est connue aujourd’hui, s’est développée grâce aux travaux d’Anne Ancelin Schützenberger, Cependant, cette approche ne s’est pas construite en vase clos. Bien au contraire, elle s’appuie sur plusieurs courants théoriques plus anciens qui ont, chacun à leur manière, mis en lumière les transmissions inconscientes au sein des familles.
Ainsi, la psychanalyse, les théories systémiques ou encore les recherches sur les traumatismes ont préparé le terrain à une lecture transgénérationnelle du psychisme.
Progressivement, ces apports ont été intégrés dans une perspective plus globale.
La psychogénéalogie s’est alors structurée comme une approche à part entière, cherchant à comprendre l’impact de l’histoire familiale sur le bien-être psychique et émotionnel des individus.
Les premiers courants et théories à l’origine de la psychogénéalogie
La psychanalyse et l’inconscient individuel
La psychanalyse, développée par Sigmund Freud a posé les premières bases pour comprendre l’influence des expériences refoulées sur le psychisme.
Selon lui, l’inconscient n’obéit ni à la logique ni au temps. Il contient des fragments de souvenirs traumatiques et des pulsions actives, même lorsqu’ils sont refoulés.
Ainsi, ces contenus, bien qu’écartés de la conscience, continuent d’agir à travers les rêves, les actes manqués ou certains symptômes.
Bien que Freud n’ait pas directement formulé le concept de transmission transgénérationnelle, ses recherches ont ouvert la voie à une lecture familiale du psychisme individuel.
Carl Jung et l’inconscient collectif
Carl Jung, disciple puis dissident de Freud, a proposé une vision différente de l’inconscient, davantage tournée vers le collectif.
Il a introduit les concepts d’archétypes et d’inconscient collectif. Selon lui, certaines images, symboles ou structures mentales sont partagés par l’humanité entière, et se transmettent d’une génération à l’autre.
Même s’il ne traitait pas directement des traumatismes familiaux, Jung a ouvert la voie à une lecture transgénérationnelle et symbolique de l’héritage psychique.
Lacan: l’inconscient structuré par le langage
Pour Jacques Lacan, l’inconscient est avant tout structuré comme un langage. Il se manifeste à travers des mots, des lapsus, des silences et des répétitions.
Dans cette perspective, le sujet se constitue dans et par les discours familiaux, et c’est par le langage que les transmissions psychiques (même invisibles ou non dites) s’actualisent d’une génération à l’autre.
L’approche lacanienne souligne le rôle central des mots, des récits familiaux, et du non-dit dans les transmissions psychiques.
Les approches systémiques – un tournant familial
Dans les années 1950–60, Murray Bowen pionnier des théories systémiques, développe la notion de système familial. Il postule que l’individu ne peut être compris isolément, mais toujours dans le contexte de ses relations familiales.
Ses travaux mettent en lumière des dynamiques émotionnelles transmises d’une génération à l’autre, à travers ce qu’il nomme des « triangles relationnels » ou des « différenciations du soi ».
C’est l’une des premières approches à envisager l’héritage psychique comme un phénomène familial structuré.
Les loyautés invisibles d’Iván Boszormenyi-Nagy
Le psychiatre Ivan Böszörmenyi-Nagy a développé la thérapie contextuelle, centrée sur les notions de justice relationnelle et de loyautés invisibles.
Selon lui, les membres d’un même clan familial sont liés par des obligations non dites, des dettes symboliques ou des attentes implicites qui se transmettent à travers les générations.
Ces loyautés, bien qu’inconscientes, influencent les comportements, les choix de vie et, dans certains cas, l’apparition de symptômes.
Même en l’absence d’explication rationnelle, ces mécanismes peuvent peser lourdement sur la vie psychique des descendants.
Les traumatismes historiques et leur transmission :
Les recherches sur la transmission des traumatismes de guerre, notamment ceux vécus par les enfants de survivants de l’Holocauste, ont permis de valider l’hypothèse d’une mémoire traumatique transgénérationnelle.
Des études ont montré que ces enfants, bien qu’ils n’aient pas directement vécu les événements, pouvaient développer des symptômes similaires à ceux du trouble de stress post-traumatique.
Ainsi, ces travaux renforcent l’idée que les expériences extrêmes vécues par une génération peuvent marquer les suivantes, de façon silencieuse mais persistante.

L’apport d’Anne Ancelin Schützenberger
Anne Ancelin Schützenberger est une figure incontournable dans le développement de la psychogénéalogie.
C’est à travers ses recherches, sa pratique clinique et ses publications qu’elle a structuré les fondements de cette approche.
Elle a mis en lumière l’influence des dynamiques familiales sur notre vie psychique, émotionnelle et relationnelle.
De plus, elle a posé les bases des concepts clés en psychogénéalogie, encore utilisés aujourd’hui pour explorer les transmissions familiales inconscientes.
Voici les principaux apports de son travail :
Le génosociogramme : un outil de visualisation des transmissions
Le génosociogramme est l’un des outils les plus emblématiques introduits par Anne Ancelin Schützenberger.
Il s’agit d’un arbre généalogique enrichi, qui ne se limite pas aux liens de parenté. En effet, il intègre également les événements marquants, les traumatismes, les relations émotionnelles, ainsi que les répétitions significatives dans l’histoire familiale.
Ce support visuel permet d’identifier les zones de souffrance ou de blocage, tout en repérant les schémas répétitifs. Il ouvre la voie à un travail de libération, fondé sur une représentation concrète et symbolique du système familial.
La Libération des Blessures Transgénérationnelles
Schützenberger a insisté sur l’importance de travailler sur les traumatismes familiaux non résolus, souvent transmis de manière inconsciente.
Elle évoque la nécessité, pour certaines personnes, de faire un « travail de réparation » en lien avec les souffrances vécues par leurs ancêtres.
Cette démarche thérapeutique repose à la fois sur la prise de conscience, et sur des actes symboliques.
Elle peut inclure des exercices narratifs ou des rituels de reconnaissance, qui permettent à l’individu de se réconcilier avec son histoire et de s’en libérer.
La répétition des schémas familiaux
L’un des constats majeurs d’Anne Ancelin Schützenberger est celui de la répétition transgénérationnelle.
Sans en avoir conscience, les descendants peuvent rejouer des scénarios hérités. Ils reproduisent alors des comportements, des choix ou des blocages qui appartenaient à des membres plus anciens de la famille.
Ces répétitions peuvent concerner :
- les relations affectives,
- les choix professionnels,
- les difficultés émotionnelles,
- voire certaines maladies psychosomatiques.
Le travail en psychogénéalogie permet de mettre en lumière ces mécanismes invisibles. Il aide à en comprendre les origines et à s’en affranchir, afin de retrouver la liberté de ses choix.
Grâce à ses travaux, Schützenberger a ouvert la voie à une meilleure compréhension des transmissions inconscientes et de la souffrance familiale non résolue.
Son approche continue d’inspirer de nombreux thérapeutes. Elle les guide dans l’exploration des héritages invisibles et dans le processus de réappropriation de l’histoire personnelle.
« Ce ne sont pas les faits en eux-mêmes – si terribles ou horribles soient-ils – qui nous font souffrir. La souffrance vient de ce que l’on n’a pas pu montrer ses sentiments, ni en parler, ni le hurler, ni en pleurer, ni le partager, et qu’on a tout enduré en silence.
Cette souffrance prend sa source dans le secret, tel un « cadavre dans le placard », voire un fantôme qui crie vengeance ou demande à être reconnu et pleuré. »Anne Ancelin Schützenberger1

L’Interconnexion des Concepts Clés de la Psychogénéalogie

La psychogénéalogie repose sur un ensemble de concepts fondamentaux, qui ne doivent pas être considérés isolément.
En effet, chacun éclaire une facette du fonctionnement familial. Cependant, c’est dans leur interaction que se révèle toute la richesse de cette approche.
Ces concepts permettent de comprendre comment se transmettent, d’une génération à l’autre, des héritages émotionnels, symboliques ou traumatiques, souvent de manière inconsciente.
Loin d’être figés, ces mécanismes forment un réseau complexe : loyautés invisibles, répétitions, non-dits, traumatismes refoulés…
Ils façonnent en profondeur la vie psychique d’un individu.
Travailler en psychogénéalogie, c’est mettre en lumière ces liens, repérer les schémas transgénérationnels qui se rejouent dans le présent, et accompagner un processus de transformation.ner un processus de libération ou de réparation.
Exemples de concepts clés
Voici quelques concepts clés en psychogénéalogie qui aident à comprendre comment les transmissions familiales se perpétuent inconsciemment.
Le syndrome d’anniversaire
Le syndrome d’anniversaire désigne la répétition inconsciente d’événements douloureux, de comportements ou de troubles à des dates précises dans le calendrier familial. Ces répétitions peuvent concerner des naissances, décès, maladies, séparations ou accidents, et survenir à la même période d’une génération à l’autre.
Ce phénomène est souvent lié à des traumatismes non résolus ou à des secrets de famille qui restent actifs dans la mémoire inconsciente du système familial.
Le mythe familial
Le mythe familial correspond à l’histoire que la famille se raconte à elle-même, souvent de manière idéalisée ou symbolique. Il structure l’identité collective, véhicule des valeurs, des croyances et des rôles attendus pour chaque membre.
En surface, il donne une cohésion au groupe, mais il peut aussi dissimuler des réalités douloureuses ou empêcher la remise en question. Les individus peuvent alors se retrouver enfermés dans un rôle (sauveur, rebelle, victime…) qui limite leur liberté d’être.
Les secrets de famille
Les secrets de famille sont des événements ou des vérités volontairement cachés, ou jamais véritablement verbalisés.
Ils peuvent concerner des traumatismes, des hontes, des violences, mais aussi des adoptions ou des filiations dissimulées.
Même s’ils ne sont pas exprimés, ces secrets laissent des traces dans l’inconscient familial.
Ils se transmettent par le comportement, les silences, ou encore par des tensions inexpliquées au sein du système familial.s secrets de famille sont des événements ou vérités volontairement cachés ou jamais verbalisés. Ils peuvent concerner des traumatismes, des hontes, des violences, des adoptions ou des filiations dissimulées.
Même s’ils ne sont pas exprimés, ces secrets laissent des traces dans l’inconscient familial.
Ils se transmettent par le comportement, les silences, ou encore par des tensions inexpliquées au sein du système familial.
La crypte et le fantôme
Ces deux notions, issues de la psychanalyse transgénérationnelle, illustrent la manière dont un traumatisme familial peut marquer psychiquement les descendants.
- La crypte représente le lieu symbolique où un secret ou un traumatisme refoulé est enfermé. Il reste non symbolisé et non verbalisé.
- Le fantôme quant à lui, est la manifestation invisible de ce secret. Il hante symboliquement le descendant, qui peut alors reproduire des comportements ou éprouver des émotions qui ne lui appartiennent pas.
Ainsi, ces figures montrent à quel point des non-dits enfouis peuvent agir de façon puissante et silencieuse
La transmission transgénérationnelle
Ce concept désigne le passage d’expériences psychiques d’une génération à une autre, sans que ces expériences soient nécessairement connues ou conscientes.
Il s’agit souvent de schémas émotionnels, de croyances, ou de stratégies de survie.
Ces éléments, non symbolisés, peuvent se transmettre sans mots, à travers le comportement, les silences, ou certaines attitudes familiales.
L’interdépendance des concepts en psychogénéalogie
Une dynamique de concepts interconnectés
Tous les concepts abordés en psychogénéalogie sont étroitement imbriqués.
Ils forment un système dynamique, où chaque notion éclaire les autres et participe à la compréhension globale des transmissions familiales.
Par exemple, un syndrome d’anniversaire peut être la manifestation d’un secret de famille resté enfoui.
Ce même événement peut aussi s’inscrire dans un mythe familial, qui cherche à préserver une image idéalisée du passé, en occultant les douleurs et les conflits.
L’impact invisible des cryptes et des fantômes
Les fantômes, liés à des cryptes psychiques refoulées, viennent alors hanter inconsciemment les générations suivantes.
Ils influencent leurs choix, leurs émotions et leurs relations.
Dans cette logique, il devient difficile — voire impossible — de comprendre un comportement, une souffrance ou une répétition, sans replacer l’individu dans l’histoire élargie de son système familial.
Une lecture globale pour une transformation possible
Les transmissions transgénérationnelles jouent un rôle central dans cette dynamique.
Une souffrance transmise de génération en génération ne peut être comprise uniquement à travers la biographie personnelle.
Elle s’inscrit dans une trame plus vaste, faite de non-dits, de pertes non symbolisées, de loyautés silencieuses et d’événements qui résonnent au-delà du temps.
Ces transmissions tissent un réseau complexe d’influences, dans lequel chaque fragment d’histoire familiale trouve un écho dans la vie psychique des descendants.
Une approche psychogénéalogique cohérente nécessite donc de considérer ces concepts non pas isolément, mais dans leur interaction vivante.
C’est cette mise en relation qui permet :
- de comprendre les souffrances héritées,
- de nommer ce qui n’a jamais été dit,
- et parfois, d’amorcer un véritable processus de guérison transgénérationnelle.
Et pour aller plus loin n’hésitez pas à visionner ma vidéo dédiée au sujet : Cliquez ici

Comprendre les liens entre les concepts pour restaurer l’équilibre
La psychogénéalogie met en lumière les liens invisibles qui relient les générations.
En effet, les événements passés, les traumatismes non résolus et les transmissions inconscientes influencent nos vies, parfois sans que nous en ayons conscience.
Ainsi, comprendre les concepts clés de cette approche – et surtout leur interdépendance – permet de mieux saisir comment l’histoire familiale façonne nos comportements, nos choix et nos émotions.
Un premier échange de 20 minutes, à distance et sans engagement, est possible si vous souhaitez en parler.