Parmi les nombreux phénomènes étudiés en psychogénéalogie, le « syndrome d’anniversaire » est un concept qui mérite une attention particulière. Ce terme désigne une récurrence de comportements, d’émotions ou de symptômes qui se manifestent chez certaines personnes, spécifiquement autour de certaines dates, certaines périodes, à un certain âge, de manière identique ou similaire.

Premières recherches sur le Syndrome d’Anniversaire

Joséphine Hilgard et l’Exploration du Syndrome d’Anniversaire

En 1953, la médecin et psychologue américaine Joséphine Hilgard1 a rédigé une étude sur « le syndrome d’anniversaire ». En effet après avoir étudié tous les dossiers de patients admis en cas de crise psychotique dans un hôpital psychiatrique américain sur plusieurs années, elle a mis en en évidence un lien entre l’apparition de la psychose chez ces personnes et la survenue d’un événement traumatisant durant leur jeunesse (comme la perte d’un parent, une hospitalisation ou un accident).

Joséphine Hilgard estime ainsi qu’une véritable « réaction d’anniversaire » peut survenir chez un patient quand son enfant atteint l’âge auquel lui-même a subi un traumatisme et cette étude a non seulement permis de démontrer statistiquement l’existence de ces syndromes d’anniversaire dans le cas d’épisodes psychotiques,

  • Par exemple: une mère peut déclarer un accident psychotique lorsque sa fille ou son fils atteint l’âge de dix ans, âge qu’elle avait elle-même lorsqu’un de ses parents s’est suicidé.

mais aussi de mettre en lumière le syndrome du « double anniversaire » ou « anniversaires successifs »

  • par exemple dans le cas où une mère de deux enfants déclenche un épisode psychotique lorsque son premier enfant a huit ans – âge auquel elle a perdu son père -, puis en déclare un second lorsque son deuxième enfant atteint, lui aussi, l’âge de huit ans.

Dans son article de 1953 « Anniversary Reactions in Parents precipitated by Children »2 Joséphine Hilgard site deux exemples:

  • « Marie Bancroft, qui a une fillette de six ans prénommée Jenny, souffre d’une pneumonie, d’une pleurésie et d’une psychose. « À l’âge de six ans, son père est décédé suite à une pleurésie et pneumonie compliquées par une méningite en phase terminale. » […] »
  • « James Carson, âgé de trente-quatre ans, a été admis à l’hôpital après avoir souffert de douleurs crâniennes insupportables pendant plus de quatre ans (…) ce qui a conduit à une tentative de suicide (…). « Les symptômes aigus ont débuté lorsque son fils avait quatre ans, l’âge qu’il avait au décès subit de son propre père de la grippe. […] « 

Anne Ancelin Schützenberger et la poursuite des recherches

Anne Ancelin Schützenberger, psychologue et universitaire française, s’est appuyée sur les travaux de Joséphine Hilgard et a commencé à s’intéresser au syndrome d’anniversaire lorsqu’elle travaillait avec des malades atteints de cancer, notamment quand elle s’est rendue compte que l’une de ses patientes relativement jeune, était atteinte d’un cancer grave, or il s’est avéré que sa maladie s’était développée à l’âge même ou sa propre mère était morte d’un cancer.

Anne Ancelin Schützenberger a donc persisté à s’intéresser aux récits familiaux de ses patients ainsi qu’aux répétitions et coïncidences qui en ressortaient et dans le cadre de ses études, elle a constaté que plusieurs de ses patients développaient leur pathologie à l’âge où un proche (comme un père, une mère, un grand-père ou une tante) était décédé d’un cancer ou d’un accident.

Par le biais de sa propre pratique, elle a donc souligné qu’il y a fréquemment une récurrence d’accidents de voiture, d’accidents en montagne, d’accidents de chasse, de décès prématurés ou de traumatismes à des dates qui coïncident avec les anniversaires du traumatisme initial subi par un ancêtre.

qu’est ce que le syndrome d’anniversaire?

Un traumatisme transgénérationnel comme fondement

Il est primordial de saisir que le fondement du syndrome d’anniversaire réside dans un événement sérieux et dévastateur psychologiquement, qui influence considérablement l’individu ayant vécu cette expérience, mais peut également impacter ses proches.

C’est un traumatisme qui n’a pas pu être suffisamment exprimé ou pris en conscience au moment de sa survenue, car trop douloureux ou trop honteux (suicide, fausse couche, maladie honteuse…), et va ainsi se loger non seulement dans l’inconscient de l’individu qui l’a enduré, mais également dans celui de sa descendance. Ces circonstances favoriseront donc l’apparition de traumatismes ou de blessures qui pourraient se perpétuer à travers les générations.

Il s’agit, bien sûr, d’une transmission inconsciente, mais ces traumatismes refoulés depuis plusieurs générations, peuvent profiter de l’approche de ces périodes d’anniversaire qui correspondent presque toujours à des moments critiques de fragilisation extrême, pour ressurgir en adoptant diverses formes d’expression inconscientes.

Comment se manifeste le syndrome d’anniversaire?

  • Récurrence d’évènements : Il peut y avoir une récurrence d’événements négatifs à la même période chaque année. Par exemple, on peut observer dans une généalogie : des accidents de voiture qui se produisent à des âges identiques chez les hommes de la lignée paternelle, des fausses couches qui surviennent systématiquement lors de la seconde grossesse.
  • Des émotions ou comportements inhabituels : On parlera plutôt d’une somatisation qui va symboliquement illustrer l’événement traumatique initial, comme par exemple une insomnie, de la tristesse ou une crise d’angoisse qui se manifestent soit le même jour, soit plus généralement à la même période de l’année que l’incident initial.

Les outils et techniques pour traiter le syndrome d’anniversaire


Le travail en psychogénéalogie peut aider à démêler les fils invisibles du passé et à libérer la personne de ces loyautés familiales inconscientes. Voici quelques techniques utilisées :

  • L’analyse du génosociogramme : Travailler sur l’histoire familiale et identifier les événements marquants qui pourraient avoir un impact sur les membres de la famille, notamment en lien avec les anniversaires
  • La prise de conscience et la réconciliation : Reconnaître les répercussions des traumatismes ancestraux et les apaiser, en cherchant à comprendre ce que chaque membre de la famille a vécu. Ce travail de conscience permet de libérer les descendants de ces mémoires transmises.
  • L’exploration de la symbolique de la date : Analyser la signification symbolique de la date d’anniversaire et de l’énergie qui l’entoure, afin de rétablir un équilibre personnel et familial.

Le syndrome d’anniversaire: Un phénomène complexe mais révélateur

L’explication du syndrome d’anniversaire est souvent complexe, en particulier lorsqu’il s’agit de comprendre pourquoi un membre de la famille le manifeste plutôt qu’un autre. Pourquoi ce syndrome se reproduit-il ? Pourquoi cela se reproduit-il parfois de manière identique et d’autres fois pas ?

Cependant, l’étude de ce syndrome nous pousse à examiner comment les expériences de nos ancêtres et leur vécu peuvent influencer notre vie quotidienne, souvent de façon inconsciente. En reconnaissant ce processus et en s’attachant à guérir les traumatismes intergénérationnels, on peut réussir à se défaire de ces cycles répétitifs et vivre ses anniversaires avec davantage de tranquillité, tout en rendant hommage aux souvenirs du passé.

une compréhension nécessaire pour se libérer

Le syndrome d’anniversaire révèle comment des événements familiaux marquants et inconscients, peuvent être liés à des des périodes de fragilité pouvant raviver des mémoires émotionnelles transmises à travers les générations, et influençant ainsi les comportements et les ressentis d’une personne. Comprendre ce phénomène permet de libérer les individus des poids émotionnels hérités.

Si vous souhaitez en savoir plus ou commencer un travail en psychogénéalogie, n’hésitez pas à me contacter.

  1. Source: Anne Ancelin Schützenberger « Aïe, mes aïeux! » Annexe P.191 « Recherches statistiques sur le syndrome d’anniversaire selon Joséphine Hilgard (travaux de 1952 à 1989) » ↩︎
  2. Source: Anne Ancelin Schützenberger « Aïe, mes aïeux! » Annexe P.191 « – Hilgard J. R. (1953) :  » Anniversary Reactions in Parents precipitated by Children », Psychiatry, 16, p. 73-80. » ↩︎

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